Résumé
de la conférence :
Physique
et médecine : l'imagerie médicale
dans la façon d’aborder le diagnostic et le suivi
thérapeutique. Un
diagnostic de localisation d’une lésion cérébrale
qui nécessitait un
examen clinique long et minutieux par un neurologue
expérimenté se fait
aujourd’hui avec une précision millimétrique grâce
au scanner ou à
l’imagerie par résonance magnétique (IRM). Là
où le maître entouré de
ses élèves démontrait que la lésion
ischémique ou tumorale devait
siéger au niveau de tel noyau du thalamus (la
vérification ayant lieu
malheureusement souvent quelques semaines plus tard sur les coupes de
cerveau), le neuroradiologue parvient au même résultat en
quelques
minutes. On pourrait multiplier les exemples ; là où le
cardiologue se
fiait à son auscultation et à des clichés de
thorax,
l’échocardiographie montre en temps réel les mouvements
des valves
cardiaques et la dynamique de la contraction ventriculaire, la
scintigraphie myocardique précise la localisation des zones de
myocarde
ischémique et les anomalies de sa contraction ; demain l’IRM
permettra
de voir la circulation coronaire et le tissu myocardique et remplacera
l’angiographie par voie artérielle. On pourrait encore citer
l’échographie en obstétrique, en hépatologie ou en
urologie, la
scintigraphie dans la détection des lésions de la
thyroïde, des
métastases osseuses ou de l’embolie pulmonaire. Aujourd’hui la
tomographie par émission de positons (TEP) est en train de
devenir la
méthode incontournable en cancérologie, non pas tant pour
le diagnostic
du cancer que pour en préciser l’extension, l’existence de
métastases,
l’évolution sous traitement après chimiothérapie,
chirurgie ou
radiothérapie ou encore l’apparition de récidives ou de
métastases
tardives. Au milieu du 19ème siècle, l’inventeur de la médecine expérimentale, Claude Bernard indiquait à Ernest Renan qui l’a relaté, que « l ‘on ne connaîtrait la physiologie que le jour où l’on saura décrire le voyage d’un atome d’azote depuis son entrée dans l’organisme jusqu’à sa sortie». Ce qui était totalement hors de portée du savant de cette époque, connaît en ce début du 21ème siècle une pleine réalisation grâce à une série d’avancées techniques rendues d’abord possibles par la radioactivité et aussi dans une certaine mesure par l’IRM et de toutes façons par la combinaison de plusieurs méthodes lorsqu’on aborde la pathologie. C’est certainement dans la description du voyage fait par le médicament dans le corps que réside aujourd’hui une des avancées les plus intéressantes dans le domaine pharmaceutique. Mais nous verrons aussi que quand nous écoutons, parlons, bougeons, réfléchissons... certaines aires de notre cerveau s'activent. Cette activation électrique et chimique des neurones se traduit par une augmentation du débit sanguin local dans les régions cérébrales concernées par cette activation. La TEP d’abord puis en utilisant les mêmes principes physiologiques, l'IRM aujourd’hui permet de produire des images sensibles au débit sanguin et ce, sans recours à l’injection d’une substance ou molécule particulière. Il ne peut s’agir dans cette conférence de décrire les principes physiques, les indications de toutes ces méthodes et les résultats qu’elles permettent d’obtenir en clinique. Par contre la comparaison de l’origine et de l’évolution de trois de ces méthodes, la radiologie, la médecine nucléaire et l’imagerie par résonance magnétique nucléaire est intéressante. La perspective historique permet en effet de mieux comprendre la genèse, l’évolution et les indications de ces différentes méthodes qui ont toutes leur point de départ dans la physique. A.S. |