Transports et gaz à effet de serre
Le secteur des transports est une source importante d'émissions de gaz à effet de serre en rapide expansion. En 1990, l'emploi des combustibles fossiles pour les véhicules et le matériel de transport représentait un cinquième environ des émissions totales de dioxyde de carbone. La consommation totale de combustible par les transports a augmenté de 50 % entre 1973 et 1990, essentiellement du fait de la hausse des revenus et de la diminution ou de la stabilisation des coûts du carburant. Si de nouvelles mesures ne sont pas prises pour ralentir la croissance des émissions, la consommation d'essence et de gazole dans le secteur des transports devrait augmenter de 35 à 130 % d'ici à l'an 2025. Les transports contribuent également aux problèmes locaux et régionaux de pollution du fait des émissions de monoxyde de carbone, de plomb, d'oxyde de soufre (SOX ) et d'oxyde d'azote (NOX ) dont ils sont à l'origine. Dans le secteur des transports, les automobiles sont les plus gros consommateurs de pétrole et la principale source d'émissions de dioxyde de carbone. C'est dans les pays développés que le nombre d'automobiles par habitant est le plus élevé; les pays en développement ne représentent que 10 % seulement du parc automobile mondial mais devraient être à l'origine de l'essentiel de la croissance future dans ce secteur. Les nouvelles technologies peuvent accroître l'efficacité des automobiles et réduire les émissions par kilomètre parcouru. Les nouveaux matériaux et méthodes de conception permettent de réduire la masse des véhicules et d'accroître l'efficacité avec laquelle ils convertissent l'énergie, diminuant ainsi la quantité d'énergie requise pour les propulser. L'amélioration de la conception de la transmission permet aux moteurs de fonctionner à un niveau plus proche de leur régime optimal et de l'effort qui leur est demandé. Des améliorations techniques dans la combustion et la composition des carburants ont déjà commencé à réduire les émissions par les véhicules tant des effets des gaz à effet de serre que des polluants traditionnels. L'intensité énergétique de ces moteurs peut probablement encore être améliorée de 15 à 30 % grâce aux technologies actuelles. Des améliorations plus spectaculaires pourraient être réalisées si par exemple on adoptait des voitures à propulsion hybride utilisant une combinaison de moteurs fonctionnant au carburant et de moteurs électriques. L'adoption de combustibles à teneur moins élevée en carbone pourrait également réduire les émissions de dioxyde de carbone. De nombreux pays ont fait la preuve qu'il était possible d'introduire des véhicules fonctionnant avec des carburants alternatifs, comme le gaz naturel véhicule (GNV), l'éthanol, le méthanol et l'électricité provenant de sources non fossiles. Le GNV a été appliqué avec succès au parc de véhicules depuis un certain nombre d'années aux États-Unis, en Europe et en Nouvelle Zélande. Depuis plusieurs années, le Brésil met en uvre un programme visant à promouvoir l'utilisation des voitures fonctionnant à l'éthanol (tiré de la canne à sucre) et autres produits de la biomasse. Ces programmes présentent des avantages à long terme pour le climat mondial tout en se traduisant par des améliorations immédiates de la qualité de l'air ambiant. Les techniques relatives aux énergies renouvelables deviennent de plus en plus compétitives. L'énergie renouvelable pourrait offrir un jour une solution de rechange rentable aux combustibles à base de pétrole. L'électricité produite par les systèmes hydroélectriques, les générateurs photovoltaïques et l'énergie éolienne ainsi que les carburants à base d'hydrogène permettent de transporter personnes et marchandises en ne produisant pratiquement pas d'émissions de gaz à effet de serre. L'emploi de combustibles liquides tirés d'une biomasse exploitée de manière durable émet certes du carbone mais la végétation cultivée pour créer une nouvelle biomasse en absorbe une quantité équivalente. L'utilisation des combustibles renouvelables dans le secteur des transports peut contribuer à réduire les émissions de CO2 tout en assurant aux personnes la mobilité souhaitée. Les émissions peuvent encore être réduites par des changements dans les méthodes d'entretien et d'exploitation. De nombreux véhicules ne sont pas convenablement entretenus car cela coûte cher ou que les pièces de rechange sont difficiles à obtenir localement. Dans certaines régions, c'est simplement dû à la négligence des conducteurs et propriétaires de véhicules. De récentes études montrent que la consommation moyenne en carburant d'un véhicule peut être réduite de 2 à 10 % grâce à un réglage régulier des moteurs. Les politiques visant à réduire les embouteillages peuvent se traduire par une réduction des émissions et des coûts. L'intensité énergétique des transports et l'encombrement des routes dépendent dans une large mesure du coefficient de remplissage des véhicules de transport de passagers. Des systèmes informatisés de routage pour les camions permettent d'économiser de l'argent et du carburant en tirant au mieux parti de la charge utile et en réduisant au minimum le temps passé dans la circulation; il ressort de certaines études qu'il est déjà techniquement possible de réduire l'utilisation énergétique par tonne-kilomètre de 25 à 30 %. De même, des mesures tendant à améliorer le contrôle général du trafic et à restreindre l'utilisation des véhicules à moteur ont fait dans certaines régions reculer l'utilisation énergétique de 20 à 40 %. Les spécialistes de l'aménagement urbain peuvent encourager les transports produisant peu d'émissions. On peut réduire l'utilisation d'énergie primaire par passager-siège-kilomètre de 30 à 70 % en persuadant les gens de prendre les transports en commun. Il est essentiel pour encourager cette transition d'offrir des moyens de transports publics sûrs et efficaces. Les municipalités peuvent également promouvoir la marche, la bicyclette et l'utilisation de voitures en commun en limitant l'accès des automobiles à certaines routes, en augmentant les redevances de stationnement et en transformant les routes existantes en voies cyclables ou voies réservées aux bus ou aux véhicules à fort taux d'occupation durant les heures de pointe. L'introduction de systèmes informatisés de contrôle des feux de circulation, d'une signalisation plus claire et l'amélioration de la conception des réseaux, en particulier dans les zones urbaines ou la densité des véhicules est élevée aux heures de pointe, peuvent également être source d'efficacité. À court terme, c'est dans les villes en rapide expansion où l'utilisation des voitures est encore limitée qu'il y a le plus de possibilités d'aménagement des transports urbains. Les politiques visant à réduire la congestion du trafic aérien peuvent entraîner une diminution des émissions tout en améliorant la sécurité. Les trajectoires de vol s'emploient actuellement à réduire la consommation de carburant et autres coûts en vol. Néanmoins, l'encombrement des aéroports se traduit par des délais d'attente importants pour de nombreuses destinations et une consommation inutile de carburant. Des progrès dans les systèmes de réservations, des politiques visant à accroître le taux de remplissage des avions et des efforts pour décourager les vols simultanés d'avions partiellement remplis suivant le même itinéraire pourraient aussi réduire la congestion, minimiser les retards d'atterrissage et entraîner une réduction des émissions. L'introduction de taxes supplémentaires sur le carburant aérien pourrait également jouer un rôle dans la promotion de l'efficacité énergétique. La manière la plus rapide de freiner la croissance des émissions à court terme est peut-être d'accélérer le renouvellement du parc automobile et de la flotte aérienne. Cela s'applique tout particulièrement aux pays développés où d'importants parcs comportant nombre de véhicules anciens existent déjà. Des incitations financières peuvent être introduites pour encourager le retrait de la circulation des véhicules anciens et des avions polluants et bruyants. L'autre solution consistant à imposer de modestes redevances d'utilisation environnementales, celles-ci étant proportionnelles à la consommation d'énergie du véhicule. Alors que les normes de rendement énergétique des automobiles et des avions sont essentielles pour réduire l'intensité énergétique des transports à long terme, elles ne touchent que les véhicules les plus récents. La combinaison optimale des politiques sera différente d'une ville à l'autre et d'un pays à l'autre. En outre, les mesures visant à réduire les émissions dans le secteur des transports peuvent prendre des années, voire des décennies, pour donner tous les résultats attendus. Si elles sont judicieusement appliquées, les politiques de transport respectueuses de l'environnement peuvent toutefois jouer un rôle essentiel dans la promotion du développement économique tout en réduisant au minimum les coûts locaux afférents au trafic, aux accidents de la route et à la pollution atmosphérique.