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Evolution des concentrations des gaz à effet de serre

 

Les émissions futures de gaz à effet de serre seront fonction de la population mondiale et de l'évolution de la situation économique, technologique et des conditions sociales. Le lien de cause à effet le plus évident a trait à la population : plus on sera nombreux, plus les émissions auront des chances d'être importantes. Il l'est moins en ce qui concerne l'évolution de la situation économique. Les pays riches produisent en général plus d'émissions par habitant que les pays pauvres. Toutefois, les taux d'émission sont très différents dans des pays également prospères en fonction de leur situation géographique, de leurs sources d'énergie et de l'efficacité avec laquelle ils utilisent l'énergie et d'autres sources naturelles. Pour orienter les décideurs, les économistes produisent des " scénarios " des futures émissions. La plupart des scénarios indique que la croissance future des taux d'émission sera déterminée par l'évolution de la situation dans les pays en développement. La plus grande partie des émissions sont attribuables à ce jour aux pays industrialisés. Toutefois, l'essentiel de la croissance future viendra probablement des économies émergentes où la croissance économique et démographique est la plus rapide - et pour lesquelles les projections sont les plus incertaines. Dans le cadre d'un scénario typique de " laisser-faire ", les émissions de dioxyde de carbone passeront de 7 milliards de tonnes par an en 1990 à 20 milliards en 2100. Ce scénario signifierait que les concentrations de CO2 doubleraient d'ici à 2030 et tripleraient d'ici à 2100 par rapport à l'époque préindustrielle. Il tient compte des effets des autres émissions de gaz à effet de serre, traduits en équivalent - dioxyde de carbone. Même s'il ne faisait que doubler par rapport à l'ère préindustrielle, un tel niveau d'émissions de dioxyde de carbone correspondrait à des concentrations de gaz à effet de serre à longue durée de vie plus élevées qu'elles ne l'ont été depuis plusieurs millions d'années. Les différentes hypothèses sur les sources et les puits se traduisent par des résultats différents. Les futures émissions sont incertaines et doivent être traduites en projections des concentrations atmosphériques en utilisant des modèles du cycle du carbone et de la chimie atmosphérique. Cela introduit un degré supplémentaire d'incertitude car on sait mal comment les principaux puits (procédés qui absorbent ou détruisent les gaz à effet de serre) réagiront aux changements climatiques. L'augmentation des niveaux de dioxyde de carbone par exemple font pousser les plantes plus vite (" effet de fertilisation du CO2  ") et favorisent l'absorption de CO2 par photosynthèse. Cette fertilisation par le gaz carbonique, conjuguée au renouvellement des forêts dans les pays du nord, pourrait absorber jusqu'à 25  % du dioxyde de carbone actuellement produit par l'homme. Personne ne sait comment ce puits se comportera à l'avenir : si la production vivrière exige une extension des terres, la tendance risque de s'inverser. Les scénarios d' " intervention " visent à étudier l'impact des efforts déployés pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Dans le cadre de la Convention sur les changements climatiques, les pays développés s'efforcent de ramener leurs émissions de gaz à effet de serre au niveau de 1990 d'ici à l'an 2000. S'ils y parviennent (ce qui ne semble pas être le cas), l'échéance à laquelle les émissions de CO2 devraient doubler serait reportée de moins de cinq ans. Pour parvenir à une diminution plus sensible des concentrations atmosphériques, il faut que tous les pays réduisent beaucoup plus radicalement leurs émissions. Les concentrations en CO2 ne doubleraient pas avant l'an 2100 si l'on gelait les émissions globales au niveau actuel. Si un tel scénario va déjà bien au-delà de toutes les propositions actuellement envisagées, il serait encore insuffisant pour empêcher les concentrations de gaz à effet de serre de continuer à augmenter bien après 2100. La stabilisation des concentrations de dioxyde de carbone à un niveau deux fois supérieur à ce qu'il était à l'ère préindustrielle au cours du 22e siècle exigerait que les émissions tombent à moins de 30  % de leur niveau actuel, et ce malgré la croissance démographique et l'expansion de l'économie mondiale. La réduction des incertitudes sur les effets des changements climatiques et les coûts des différentes interventions possibles sont essentiels pour les décideurs. La stabilisation ou la réduction des émissions au niveau planétaire aurait un impact sur pratiquement toutes les activités humaines. Pour décider de leur bien-fondé, il nous faut en connaître les coûts et savoir à quel point la situation s'aggravera si nous permettons aux émissions d'augmenter. Cela pose aussi des questions morales délicates: dans quelle mesure sommes nous prêts à payer pour le climat qu'il fera au 22e siècle ?