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La communauté internationale et les changements climatiques

 

La première Conférence mondiale sur le climat de 1979 a pris conscience du grave problème que posaient les changements climatiques. Cette réunion scientifique s'est interrogée sur la question de savoir comment les changements climatiques pourraient affecter les activités humaines. Elle a adopté une déclaration appelant tous les gouvernements à " prévoir et prévenir les changements climatiques d'origine anthropique qui pourraient nuire au bien-être de l'humanité ". Elle a également approuvé un projet tendant à créer un Programme climatologique mondial (P.C.M.) sous la responsabilité conjointe de l'Organisation météorologique mondiale (O.M.M.), du Programme des Nations Unies pour l'environnement (P.N.U.E.) et du Conseil international des unions scientifiques (C.U.I.S.). Un certain nombre de conférences intergouvernementales consacrées aux changements climatiques ont eu lieu à la fin des années 1980 et au début des années 1990. S'ajoutant à des éléments de preuves scientifiques de plus en plus nombreux, ces conférences ont contribué à sensibiliser la communauté internationale à la question. Les participants se composaient de responsables gouvernementaux, de scientifiques et de spécialistes de l'environnement. Les réunions ont abordé des questions d'ordre tant scientifique que politique et ont appelé à une action mondiale. Parmi les principales manifestations, il faut citer la Conférence de Villach (Octobre 1985), la Conférence de Toronto (juin 1988), la Conférence d'Ottawa (février 1989), la Conférence de Tata (février 1989), la Conférence et la Déclaration de La Haye (mars 1989), la Conférence ministérielle de Noordwijk (novembre 1989), le Pacte du Caire (décembre 1989), la Conférence de Bergen (mai 1990) et la deuxième Conférence mondiale sur le climat (novembre 1990). Le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (G.I.E.C.) a publié son premier Rapport d'évaluation en 1990. Créé en 1988 par le P.N.U.E. et l'O.M.M., le Groupe a été chargé d'évaluer l'état des connaissances actuelles sur le système et les changements climatiques; les effets environnementaux, économiques et sociaux des changements climatiques et les parades possibles. Approuvé après un difficile processus d'examen par des confrères, le rapport a confirmé les preuves scientifiques du changement climatique. Cette étude a fourni la base des négociations relatives à la Convention sur les changements climatiques. En décembre 1990, l'Assemblée générale des Nations Unies a approuvé le démarrage des négociations. Le Comité intergouvernemental pour la négociation d'une convention- cadre sur les changements climatiques a tenu cinq sessions entre février 1991 et mai 1992. Confrontés à une date butoir impérative - celle du " Sommet de la Terre " de Rio en juin 1992 - les négociateurs de 150 pays ont définitivement arrêté le texte de la Convention en quinze mois exactement. Ce texte a été adopté à New York le 9 mai 1992. La Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (1992) a été signée par 150 états (plus l'Union européenne) à Rio de Janeiro. Vingt ans après la Déclaration de Stockholm de 1972, qui a jeté les bases de la politique actuelle en matière d'environnement, le Sommet de la Terre a constitué le plus important rassemblement de chefs d'états de tous les temps. Les autres accords adoptés à Rio étaient la Déclaration de Rio, le Programme Action 21, la Convention sur la diversité biologique et les Principes relatifs aux forêts. La Convention est entrée en vigueur le 21 mars 1994, soit 90 jours après la réception du cinquantième instrument de ratification (une fois qu'ils ont signé une convention, les États doivent la ratifier). Il faut ensuite mentionner le 21 septembre, date à laquelle les pays Parties développés ont commencé à soumettre leurs communications nationales décrivant leurs stratégies en matière de changements climatiques. Dans l'intervalle, le Comité de négociation poursuivait son travail préparatoire, tenant six autres sessions pour discuter des questions afférentes aux engagements, au mécanisme financier, à l'appui technique et financier à apporter aux pays en développement, à des points de procédures et aux arrangements institutionnels. Le Comité a été dissous après sa onzième et dernière session en février 1995 et la Conférence des Parties (C.P.) est devenue le principal organe de la Convention. La Conférence des Parties a tenu sa première session à Berlin du 28 mars au 7 avril 1995. Des représentants de 117 Parties et 53 États ayant le statut d'observateur ont participé à la C.P.1, de même que plus de 2 000 observateurs et journalistes. Ils sont convenus que les engagements énoncés dans la Convention pour les pays développés étaient insuffisants et ont engagé les pourparlers du " Mandat de Berlin " visant à les rendre plus rigoureux. Ils ont également étudié la première série de communications nationales et mis la dernière main aux principaux éléments du mécanisme institutionnel et financier nécessaire pour appuyer l'action prévue par la Convention au cours des années à venir. La C.P.-2 s'est tenue à Genève du 8 au 19 juin 1996. Le G.I.E.C. a adopté son deuxième rapport d'évaluation en décembre 1995. Publié à temps pour la C.P.2, ce deuxième rapport avait été rédigé et revu par quelque 2000 scientifiques et experts du monde entier. Il a obtenu une rapide notoriété en concluant que les différents éléments de preuves disponibles indiquent que l'homme a une influence perceptible sur le climat mondial. Toutefois, le rapport ne se limitait pas à cela, confirmant par exemple qu'il existait en tout état de cause des solutions utiles et autres stratégies efficaces par rapport à leur coût pour lutter contre les changements climatiques. Le G.I.E.C. produira une série de documents techniques et de rapports spéciaux avant la publication de son troisième rapport d'évaluation en 2001. Le célèbre Protocole de Kyoto a été adopté à la C.P.3 en décembre 1997. Plus de 10 000 représentants, observateurs et journalistes ont participé à cette manifestation à forte visibilité qui s'est tenue du 1 er au 11 décembre. En vertu du Protocole, qui a été adopté par consensus, les pays industrialisés s'engagent à réduire le total de leurs émissions de gaz à effet de serre d'au moins 5 % par rapport au niveau de 1990 au cours de la période allant de 2008 à 2012. Le Protocole entrera en vigueur 90 jours après sa ratification par au moins 55 Parties à la Convention, parmi lesquels les pays développés représentant en 90 au moins 55 % du volume total des émissions de dioxyde de carbone. La conférence tenue à Buenos Aires en 1998 a adopté un plan d'action sur deux ans. Tenue du 2 au 13 novembre, la C.P. 4 a fixé un délai de deux ans pour mettre au point les détails en suspens du protocole de Kyoto de manière à ce que l'accord puisse être pleinement opérationnel. Outre les " mécanismes " prévus par le Protocole, le plan d'action aborde la question du respect des engagements et celle des politiques et mesures. La C.P. 5 s'est tenue du 25 octobre au 5 novembre à Bonn. La CP-6, qui doit définitivement arrêter le plan d'action et inciter ainsi les gouvernements à ratifier le Protocole vers 2002, se tient du 13 au 24 novembre 2000 à La Haye. L'ouverture de cette conférence importante a été précédée par la publication du Résumé pour les décideurs du troisième rapport du G.I.E.C. Ce premier résumé du document à paraître en janvier prochain confirme les résultats des deux premiers rapports du G.I.E.C. Il se veut toutefois plus pessimiste dans ses prévisions. Le document du G.I.E.C. estime désormais que la hausse moyenne des températures entre 1990 et 2100 sera de 1,5°C à 6°C (contre 1 à 3,5°C en 1995). Durant la même période, la concentration de dioxyde de carbone dans l'atmosphère devrait atteindre 540 à 970 parties par millions (ppm) (contre 500 en 1995). Cette concentration est, aujourd'hui, de 367 ppm. Le niveau des mers devrait, quant à lui s'élever de 0,14 m à 0,80 m (contre 0,15 à 0,95 m en 1995).