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Catastrophes climatiques et conditions extrèmes

 

Le climat varie naturellement quelle que soit l'échelle temporelle. Les variations peuvent être dues à des forces externes telles qu'éruptions volcaniques ou changements dans l'énergie produite par le soleil. Elles peuvent également provenir d'interactions internes entre les différentes composantes du système climatique - atmosphère, océans, biosphère, calotte glaciaire et surface terrestre. Ces interactions peuvent provoquer des fluctuations assez régulières, telles que le phénomène El Nions/oscillation australe ou des changements apparemment aléatoires du climat. La variabilité naturelle se traduit souvent par des conditions climatiques extrêmes et des catastrophes. Sur une échelle temporelle exprimée en jours, mois et années, la variabilité météorologique et climatique peut produire des vagues de chaleur, périodes de gel, inondations, sécheresses, orages violents et autres. Une situation climatique extrême correspond à un écart significatif par rapport à l'état normal du système climatique, qu'elle est ou non un impact effectif sur la vie ou l'écologie de la planète. Lorsque les conditions climatiques extrêmes ont de graves incidences néfastes sur le bien-être de l'humanité, on parle de catastrophe climatique. Dans certaines régions du monde, les catastrophes climatiques se produisent si fréquemment qu'on peut les considérer comme la norme. Il est possible que les changements climatiques dus aux gaz à effet de serre modifient la fréquence, l'ampleur et la nature tant des extrêmes que des catastrophes climatiques. Toutes les régions du monde ont connu à un moment ou un autre des conditions climatiques extrêmes dépassant tous les records. C'est ainsi qu'au cours de l'été 1995, des vagues de chaleur se sont abattues tant sur la région du Midwest des États-Unis que sur le continent indien, faisant plus de 700 victimes aux États-Unis et 500 dans le nord de l'Inde lorsque les températures ont atteint en juin 50°C. Au début de cette même année, aux Pays-Bas, il a fallu évacuer plus de 200 000 personnes et près d'un demi-million de têtes de bétail à cause des inondations, les pires qui aient été enregistrées depuis que les digues hollandaises ont cédé en 1953. Au cours des premières décennies du 20e siècle, la sécheresse s'est aggravée dans la région du Midwest en Amérique du Nord pour culminer en un " désert de poussière " dans les années trente, après quoi le phénomène s'est apaisé. Plus récemment, les précipitations annuelles observées dans la zone sahélienne d'Afrique du Nord ont été à neuf reprises inférieures de plus de 20  % à la moyenne enregistrée au cours des 70 premières années du 20e siècle; un seul phénomène de cet ampleur était produit au cours de cette période. Le fait qu'on signale aujourd'hui autant de situations sans précédent signifie-t-il que les extrêmes climatiques deviennent plus courants ? D'après le groupe d'experts intergouvernemental sur les conditions du climat (G.I.E.C.), les données sont insuffisantes pour déterminer si les changements dans la variabilité climatique ou les extrêmes météorologiques qui se sont produits au cours du 20e siècle correspondent à une tendance. On a effectivement constaté des tendances régionales dont certaines indiquaient toutefois une variabilité plus grande et d'autres une variabilité moindre. La réponse est peut-être simplement que la révolution des communications a permis une diffusion beaucoup plus large de l'information. La vulnérabilité humaine accrue transforme de plus en plus les conditions extrêmes en catastrophes climatiques. Dans de nombreuses parties du monde, les populations sont obligées de vivre dans des régions plus exposées et marginales. Ailleurs, des actifs de grande valeur sont aménagés dans des zones à haut risque. C'est ainsi que les compagnies d'assurance se sont gravement ressenties d'une série d'orages qui leur a coûté des milliards de dollars depuis 1987. À l'avenir, les changements climatiques mondiaux pourraient sensiblement affecter la fréquence, l'ampleur et la localisation des manifestations extrêmes. Toute modification des conditions climatiques moyennes se répercutera presque inévitablement sur la fréquence des événements extrêmes. De manière générale, on peut s'attendre à une multiplication des vagues de chaleur et à une raréfaction des périodes de gel, et l'intensification des précipitations pourrait provoquer davantage d'inondations dans certaines régions. Cependant, les conditions extrêmes durent relativement peu de temps et sont en général locales, de sorte que les scientifiques ont du mal à prévoir l'impact qu'aura sur elles les changements climatiques. C'est ainsi qu'un réchauffement des océans tropicaux devrait en soi accroître la fréquence, voire la gravité, des cyclones tropicaux. Mais d'autres facteurs, tels que la modification du régime des vents ou de la trajectoire des tempêtes, pourraient compenser cet effet au plan local. En tout état de cause, la vulnérabilité croissante de l'humanité aux extrêmes climatiques conjuguée aux incertitudes afférentes aux changements climatiques, est indubitablement préoccupante. Si de par leur nature même, les conditions extrêmes sont brutales et aléatoires, les risques qu'elles présentent peuvent être limités. Une meilleure préparation est nécessaire d'urgence dans de nombreuses régions du monde, que l'on tienne compte ou non des changements climatiques. Une information plus éclairée, des institutions plus solides et de nouvelles technologies peuvent minimiser les pertes humaines et matérielles. C'est ainsi qu'on pourrait concevoir de nouveaux bâtiments et les construire sur des sites permettant de réduire au minimum les dégâts provoqués par les inondations et les cyclones tropicaux, tandis que des techniques d'irrigation perfectionnées peuvent protéger les exploitants et leurs cultures contre le risque découlant des sécheresses. Les scientifiques ne peuvent affirmer que les conditions extrêmes d'aujourd'hui proviennent des changements climatiques. Le fait est qu'ils ne comprennent pas suffisamment bien le système climatique et les effets des émissions de gaz à effet de serre pour parvenir à la conclusion que tel ou tel événement a un rapport avec le problème d'ensemble Néanmoins, il est prioritaire de suivre et d'étudier les manifestations extrêmes et d'apprendre à les prévoir et à y faire face. Sur tous les effets de la variabilité climatique susceptibles de se produire au cours des décennies à venir, ce sont probablement les conditions extrêmes qui auront les conséquences les plus graves pour le bien-être de l'humanité.