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L'immortalisation cellulaire

 

texte de Bernard Mignotte. C.N.R.S.

 

La sénescence cellulaire ou réplicative

La mort cellulaire programmée a été mise en place au cours de l'évolution pour limiter la taille des populations cellulaires et éliminer certaines cellules indésirables. Il existe une autre forme d'arrêt irréversible de la croissance cellulaire connue sous le nom de sénescence cellulaire ou sénescence réplicative. En effet, les cellules animales ont le plus souvent un potentiel prolifératif limité. Après un certain nombre de générations, elles cessent de se multiplier, acquièrent un phénotype sénescent et finissent par mourir. Les cellules sénescentes sont capables de survivre plusieurs semaines dans un état proche de la quiescence (G0), mais elles sont incapables de répondre à un signal prolifératif. Le nombre de doublements de population que peut effectuer une culture cellulaire avant d'entrer dans la phase de sénescence dépend de l'âge du donneur et de la durée de vie maximale de l'espèce étudiée. Les cellules issues de patients atteints de syndrome de vieillissement prématuré (ex: syndrome de Werner) n'effectuent quant à elles que quelques doublements. Ces données ont conduit à penser que le vieillissement des organismes pourrait en partie être dû au vieillissement individuel des cellules qui les composent.

Certaines cellules peuvent acquérir la capacité de proliférer indéfiniment in vitro. On dit qu'elles sont établies en lignées, ou immortalisées. Trois types de cellule immortelles peuvent être distinguées : des cellules "post-crise" (immortalisées spontanément in vitro), des cellules tumorales et des cellules immortalisées in vitro par introduction d'un oncogène viral ou cellulaire. Dans le cas de l'immortalisation induite par le virus SV40, l'expression de l'antigène T semble suffisante pour immortaliser les cellules de rongeurs, tandis que l'immortalisation des cellules humaines nécessite un deuxième événement. L'action de l'antigène T est corrélée à sa capacité à lier et inactiver les protéines cellulaires oncosuppressives p53 et pRb. La capacité de certains oncogènes à permettre l'immortalisation suggère que cet événement pourrait être une des étapes conduisant à transformation néoplasique.