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Niveau de la mer,océan et zone cotière

 

Le niveau moyen de la mer s'est élevé de 10 à 25 cm depuis un siècle. Il est probable que cette élévation est due en grande partie à une augmentation de 0,4 à 0,8°C et de la température moyenne globale de la basse atmosphère depuis 1860. Les modèles prévoient une élévation supplémentaire du niveau de la mer de 14 à 80 cm d'ici à l'an 2100. Ce phénomène se produira à cause de la dilatation thermique de l'eau des océans et d'un apport d'eau douce provenant de la fonte des calottes glaciaires et des glaciers. L'élévation prévue serait deux à cinq fois plus rapide que celle qui s'est produite au cours des 100 dernières années. Le débit, l'ampleur et l'orientation du changement varieront aux plans local et régional en fonction des particularités du littoral, des changements dans la circulation des courants océaniques, des différences dans les régimes de marée et la densité de l'eau de mer ainsi que des affaissements ou soulèvements tectoniques. On s'attend à ce que le niveau de la mer continue de s'élever pendant des centaines d'années après que les températures se seront stabilisées. Les zones côtières et petites îles sont extrêmement vulnérables. Les côtes ont été modifiées et aménagées de façon intensive au cours des décennies qui viennent de s'écouler et sont de ce fait encore plus vulnérables à l'élévation du niveau de la mer. Les pays en développement dont les économies et institutions sont fragiles sont les plus menacées mais les zones côtières basses des pays développés pourraient aussi être gravement touchées. Compte tenu des mesures actuelles de protection, une élévation du niveau de la mer de 1 mètre entraînerait des pertes de terre de 0,05 % en Uruguay, 1 % en Égypte, 6 % aux Pays-Bas, 17,5 % au Bangladesh et jusqu'à 80 % environ dans l'atoll Majuro (îles Marshall). Les inondations et l'érosion côtière pourraient s'aggraver. L'intrusion d'eau salée réduira la qualité et la quantité de l'eau douce. Une hausse du niveau de la mer pourrait également provoquer des phénomènes extrêmes tels que marées hautes, ondes de tempête et vagues provoquées par un séisme (tsunami), entraînant des dégâts supplémentaires. Les inondations dues aux marées de tempête touchent déjà, lors d'une année moyenne, quelques 46 millions de personnes, la plupart vivant dans des pays en développement. Si la mer montait de 50 cm, ce chiffre pourrait passer à 92 millions et à 118 millions si le niveau des océans montait de un mètre. L'élévation du niveau de la mer pourrait avoir des répercussions négatives sur des secteurs économiques essentiels Une grande partie des denrées alimentaires sont produites dans les zones côtières, ce qui rend la pêche, l'aquaculture et l'agriculture particulièrement vulnérables. Les autres secteurs les plus menacés sont le tourisme, les établissements humains et les assurances (qui ont déjà subi des pertes sans précédent à cause de conditions climatiques extrêmes). La hausse attendue du niveau de la mer inonderait une grande partie des terres de faible élévation, provoquant des dommages aux cultures côtières et entraînant le déplacement de millions de personnes habitant le littoral et de petites îles. Le déplacement des collectivités touchées par les inondations, en particulier celles ne disposant que de ressources limitées, accroîtrait le risque de maladies infectieuses, psychologiques et autres. Les insectes et autres vecteurs pourraient se propager vers de nouvelles régions. La désorganisation des systèmes d'assainissement, de drainage des eaux de pluie et d'évacuation des eaux usées aurait également des répercussions sur la santé. Des écosystèmes côtiers précieux seront gravement menacés. Les zones côtières abritent certains des écosystèmes les plus variés et les plus productifs du monde, tels que forêts de mangrove, récifs coralliens et algues marines. Les deltas plats (Camargue, Gange, Nil) et les atolls et récifs coralliens sont particulièrement sensibles aux changements affectant la fréquence et l'intensité des précipitations et orages. Les coraux croissent en général suffisamment vite pour s'adapter à l'élévation du niveau de la mer mais risquent d'être endommagés par le réchauffement de la température de l'eau. Les écosystèmes océaniques pourraient aussi être touchés. Outre la hausse du niveau de la mer, les changements climatiques pourraient entraîner une réduction de la couverture glaciaire de la mer et altérer la circulation des courants océaniques, le mélange vertical des eaux et le déplacement de masses d'eau. Cela pourrait avoir une incidence sur la productivité biologique, les disponibilités en éléments nutritifs ainsi que sur la structure écologique et les fonctions des écosystèmes marins. Les variations de température pourraient aussi provoquer des modifications géographiques au niveau de la biodiversité, en particulier dans les régions de latitude élevée, où la période de croissance devrait augmenter (en supposant que la lumière et les éléments nutritifs restent constants). Les populations seraient plus touchées par les changements dans les ressources halieutiques et autres ressources biotiques que par les effets produits sur les transports (du fait de l'évolution des courants) et les ressources matérielles telles qu'hydrocarbures et gravier. Enfin, tout changement dans l'activité du plancton pourrait se répercuter sur l'aptitude des océans à absorber et stocker le carbone. Cela pourrait avoir un effet de rétroaction sur le système climatique et modérer ou intensifier les changements climatiques. Différentes forces naturelles interviendront dans l'impact qu'aura l'élévation du niveau de la mer aura. Les zones côtières sont des systèmes dynamiques. Il y aura interaction entre la hausse du niveau de la mer et la sédimentation, les défenses physiques ou biotiques (telles que récifs coralliens) et d'autres conditions locales. Les réserves en eau douce des zones côtières seront plus ou moins vulnérables en fonction de l'évolution des apports d'eau douce et de la masse d'eau douce. La survie des marées d'eau salée et des forêts de mangrove dépendra en partie du rapport entre le taux de sédimentation et le rythme d'élévation du niveau de la mer. La sédimentation sera probablement plus rapide que la hausse du niveau de la mer dans des régions riches en sédiments telles que l'Australie où de puissants courants de marée redistribuent les sédiments que dans les environnements pauvres en sédiments tels que les CaraÏbes. Les activités humaines joueront également un rôle. Les routes, bâtiments et autres infrastructures pourraient limiter ou affecter la réaction naturelle des écosystèmes côtiers à l'élévation du niveau de la mer. La pollution, les dépôts de sédiments et l'aménagement du territoire influenceront la manière dont les eaux côtières répondront aux impacts des changements climatiques et s'y adapteront. De nombreuses options de politique générale sont disponibles pour s'adapter à l'élévation du niveau de la mer. Des valeurs environnementales, économiques, sociales et culturelles importantes sont en jeu et les retombées seront peut-être inévitables. Il y a peu de temps encore, l'évaluation des parades possibles était principalement axée sur la protection, et des études ont montré qu'il serait probablement coûteux de protéger les îles de faible altitude et les grands deltas au moyen de digues de mer et autres barrières. D'autres options s'offrent dans les domaines de la protection (digues, restauration des dunes, création de terres humides), du bâtiment (nouveaux codes de construction, protection des écosystèmes menacés) et du retrait planifié (réglementations interdisant les nouveaux aménagements côtiers). On peut citer à titre d'autres exemples précis le dragage des ports, le renforcement de la gestion des pêches et l'amélioration de la conception des structures offshore. La " gestion intégrée des zones côtières " peut offrir toute une gamme de solutions possibles comportant notamment des mesures sociales, culturelles, juridiques, structurelles, financières, économiques et institutionnelles.