Les changements climatiques ont-ils déjà commencé ?

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Les changements climatiques ont 'ils déja commencé?

Les changements climatiques ont-ils déjà commencé ?

Le climat de la planète commence déjà à s'adapter aux émissions passées de gaz à effet de serre. Le système climatique doit s'adapter à l'évolution des concentrations de gaz à effet de serre pour maintenir l'équilibre du bilan énergétique global. Il en résulte que le climat change et continuera de changer tant que les concentrations de gaz à effet de serre augmenteront. Mais cela n'a pas grand intérêt. La question qui se pose en réalité est de savoir quelle sera l'ampleur probable de ces changements par rapport aux fluctuations naturelles du climat auxquelles les sociétés humaines et les écosystèmes naturels ont appris à s'adapter. Les mesures indiquent un réchauffement de 0,4°C à 0,8°C de la température moyenne mondiale depuis 1860. Cela correspond aux projections modélisées de l'ampleur du réchauffement à ce jour, surtout si l'on tient compte de l'effet refroidissant des émissions de soufre. Toutefois, les observations étaient peu nombreuses avant 1900 et le réchauffement a atteint son point culminant entre 1910 et 1940, avant l'augmentation record des gaz à effet de serre. Le phénomène va indubitablement au-delà d'une simple réaction directe aux émissions. C'est d'ailleurs logique car le climat est un système compliqué et chaotique. Le niveau moyen des mers s'est élevé de 10 à 25 cm et les glaciers ont reculé. À mesure que les couches supérieures des océans se réchauffent, l'eau se dilate et le niveau des mers s'élève. Les modèles indiquent qu'un réchauffement de 0,4°C à 0,8°C devrait en fait entraîner une élévation du niveau des mers de 10 à 25 cm. Mais d'autres changements- plus difficiles à prévoir - ont également une incidence sur le niveau réel et apparent des océans, notamment les chutes de neige et la fonte des glaces au Groenland et dans l'Antarctique ainsi que la lente " remontée " des continents septentrionaux libérés du poids des glaciers de la période glaciaire. La quasi totalité des glaciers étudiés accusent un recul depuis cent ans mais, comme dans le cas du niveau des océans, cela n'est probablement pas seulement imputable à des changements dans les émissions de gaz à effet de serre. La tendance au réchauffement global qui est constatée est plus importante que celle qui, selon les modèles, pourrait être due à des variations naturelles. Un problème fondamental auquel se heurte la recherche sur les changements climatiques est que les scientifiques n'ont aucun moyen direct d'observer ce qui se serait passé si l'homme n'était pas intervenu dans les phénomènes climatiques. Il n'y a en effet aucun moyen de comparer le" signal " de l'effet de serre avec le " bruit " de fond de la variabilité climatique naturelle. En revanche, on peut estimer cette variabilité par le truchement de modèles informatisés sur les changements climatiques utilisant un niveau constant de gaz à effet de serre. Les résultats indiquent que la tendance au réchauffement de 0,4°C à 0,8°C par siècle a peu de chance d'être aléatoire. Toutefois, les éléments de preuve indirects provenant de phénomènes climatiques passés montrent que ces modèles sous-estiment l'ampleur de la variabilité naturelle du climat de sorte qu'ils attribuent peut-être une importance excessive au signal précité. Les modèles climatiques ne tiennent pas compte de nombreux facteurs de variabilité qui pourraient être aussi à l'origine de tendances apparentes à long terme. Les estimations actuelles de la variabilité naturelle, qui se fondent sur des modèles, ne prennent pas en considération les effets des éruptions volcaniques, qui peuvent temporairement refroidir le climat mondial de plusieurs dixièmes de degré. Elles commencent également à intégrer les effets des changements à long terme de l'énergie produite par le soleil. Il faut peut-être attribuer au soleil les périodes relativement froides observées aux 16e , 17e et 18e siècles (le " petit âge glaciaire "), au cours desquelles la température dans l'hémisphère nord aurait été d'environ 0,5°C inférieure à ce qu'elle est aujourd'hui. Dans une certaine mesure (20 à 30  % environ d'après certains récents résultats modélisés, le réchauffement constaté au cours du siècle dernier pourrait n'être que la suite naturelle de cette époque. Les modèles peuvent également être utilisés pour prévoir les caractéristiques générales des changements climatiques. Les facteurs inconnus qui pourraient avoir un effet sur la température moyenne mondiale sont si nombreux que les scientifiques hésitent à affirmer que le réchauffement est dû au seul effet de serre. Ils auraient plutôt tendance à rechercher des analogies entre leurs observations et les modèles climatiques. Plusieurs études ont fait apparaître une correspondance de plus en plus étroite entre les régimes thermiques prévus par les modèles et les phénomènes effectivement observés. Des études fondées sur des données concernant la température de surface semblent montrer que la terre se réchauffe plus vite que les océans. Elles indiquent également que le réchauffement est moindre dans les zones touchées par les aérosols de sulfate et dans les régions océaniques où la couche superficielle de l'eau se mélange aux couches plus profondes, y répercutant ainsi les éventuelles hausses de température - autant de caractéristiques prévues par les modèles. Mais la couverture est incomplète et les observations correspondant aux différentes régions (par exemple la terre par rapport à la mer), ont été réalisées de différentes manières. Des indications plus constantes, bien que beaucoup moins complètes, sont fournies par les températures de l'air communiquées par les stations météorologiques. Celles-ci font apparaître un refroidissement de la stratosphère (au-dessus d'environ 10 km) et un réchauffement de la troposphère (basse atmosphère), qui est également prévu par les modèles climatiques. Les indications fournies par les satellites sont encore trop récentes pour révéler des tendances significatives. Le climat doit être observé sur plusieurs décennies avant qu'on puisse déceler un signal de changement climatique quelconque sans rapport avec la variabilité naturelle. Celles qu'on possède n'ont pas même vingt ans. D'après les modèles, il n'est pas possible de tirer une quelconque conclusion d'une période aussi courte, de sorte que tout ce qu'on peut dire des données provenant des satellites dont on dispose actuellement est qu'elles sont conformes avec les projections des modèles climatiques et avec les indications provenant des observations classiques. Les données que fournissent les satellites ont certes une couverture mondiale, ce qui contribue à valider les modèles et à réduire les incertitudes. Les indications dont on dispose indiquent que les changements survenus récemment ne sont probablement pas entièrement dus à des sources connues de variabilité naturelle. Il ressort du schéma qui se dégage que l'homme aurait sur le climat une influence correspondant à celle qui est prévue par les modèles climatiques, plus importante que celle attendue des fluctuations naturelles. La question n'est toutefois pas encore résolue, essentiellement du fait des incertitudes quant à l'aptitude des modèles actuels à simuler la variabilité naturelle de manière réaliste. Néanmoins, de nombreux modélisateurs estiment justement que c'est là un point rassurant car il donne à penser que les modèles vont plus ou moins dans la bonne direction. Les incertitudes quant à l'aptitude des modèles à simuler la variabilité naturelle du climat demeurent un problème non négligeable. Comme pour les tendances de la température moyenne mondiale, les scientifiques doivent recourir à des simulations de modèles climatiques pour évaluer la probabilité de parvenir de manière purement aléatoire à un certain degré de concordance entre le modèle et l'évolution observée. Il y a de nombreuses sources de variabilité naturelle que ces modèles simulent mal ou pas du tout et l'une d'elles pourrait correspondre à un phénomène comparable au réchauffement dû à l'effet de serre. Il subsiste donc de nombreuses incertitudes quant à l'ampleur et à l'origine du signal actuel et quant à l'importance des changements à venir.