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Introduction aux changements climatiques

Les activités humaines libèrent des gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Le dioxyde de carbone (CO2) provient des combustibles fossiles utilisés pour produire de l'énergie (charbon, pétrole, gaz) et des arbres qui sont abattus puis brûlés. Le méthane et l'oxyde nitreux proviennent des activités agricoles, de modifications dans l'utilisation des sols et d'autres sources. Les procédés industriels sont à l'origine des émissions de substances chimiques artificielles appelées hydrocarbures halogénés (CFC, HFC, PFC) et autres gaz persistants tels que l'hexafluorure de soufre (SF6). L'ozone présente dans la basse atmosphère est indirectement produite par les gaz d'échappement des automobiles. L'augmentation des gaz à effet de serre risque d'entraîner des changements climatiques. En absorbant les rayonnements infrarouges, ces gaz contrôlent la manière dont l'énergie naturelle circule dans le système climatique. Par suite des émissions anthropiques, le climat devra d'une manière ou d'une autre s'adapter à une couche plus épaisse de gaz à effet de serre pour maintenir l'équilibre entre l'énergie provenant du soleil et celle qui est renvoyée dans l'espace. Les modèles climatiques annoncent que la température de la planète augmentera de 1,5 à 6°C d' ici à l'an 2100. Cette hausse serait la plus ample de toutes celles survenues au cours des 10 000 dernières années. Cette projection se fonde sur l'évolution actuelle des émissions et l'hypothèse que rien ne sera fait pour éviter les émissions de gaz à effet de serre. De nombreuses incertitudes entachent l'ampleur et les impacts des changements climatiques, en particulier à l'échelon régional. Du fait de l'effet retardateur des océans, les températures de surface ne réagissent pas immédiatement aux émissions de gaz à effet de serre, de sorte que les changements climatiques se poursuivront pendant de nombreuses décennies après que les concentrations atmosphériques se soient stabilisées. Dans l'intervalle, il ressort des preuves qui ont été rassemblées que le climat a peut-être déjà commencé à évoluer par suite des émissions passées. Les changements climatiques risquent fort d'avoir des incidences sensibles sur l'environnement de la planète. En général, plus les changements climatiques sont rapides, plus le risque de dommages est grand. On s'attend à une élévation moyenne du niveau des mers de 15 à 95 cm d'ici à 2100, ce qui se traduirait par une inondation des régions de faible altitude et par d'autres dégâts. Des zones climatiques tempérées (et par conséquent des écosystèmes et régions agricoles) pourraient se déplacer vers les pôles de 150 à 550 km dans les régions de latitude moyenne. Les forêts, déserts, parcours et autres écosystèmes non aménagés seraient soumis à de nouvelles pressions climatiques, qui entraîneraient leur déclin ou fragmentation ainsi que l'extinction de certaines espèces. L'humanité devra faire face à de nouveaux risques et à des pressions sans précédent. La sécurité alimentaire ne devrait pas être menacée au niveau mondial, mais certaines régions risquent de connaître des pénuries alimentaires et des famines. Les ressources en eau seront touchées à mesure que le régime des précipitations évoluera. Les infrastructures matérielles seront endommagées, en particulier par l'élévation du niveau des mers et des conditions extrêmes. Les activités économiques, les établissements humains et la santé ressentiront de nombreux effets directs et indirects. Les pauvres et les démunis seront les plus touchés par les conséquences négatives des changements climatiques.

Les populations et les écosystèmes devront s'adapter aux futurs régimes climatiques. Les émissions passées et présentes ont déjà condamné la planète à une certaine évolution du climat au 21e siècle. Pour s'adapter à ces effets, il sera indispensable de bien comprendre les systèmes socio-économiques et naturels, leur sensibilité aux changements climatiques et leur capacité intrinsèque de modification. De nombreuses stratégies peuvent être mises en œuvre pour s'adapter aux effets attendus des changements climatiques. La stabilisation des concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère exigera un effort de grande ampleur. Si les tendances actuelles se confirment, l'augmentation des gaz à effet de serre aura une incidence équivalant à des concentrations de CO2 deux fois supérieures en 2030 et trois fois supérieures ou plus en 2100 à ce qu'elles étaient durant l'ère préindustrielle. Le gel des émissions mondiales de CO2 à leur niveau actuel retarderait le processus de multiplication par deux à 2100; les émissions devraient en fin de compte être ramenées à 30 % environ de leur niveau actuel pour qu'elles se stabilisent au niveau CO2 x 2 à un moment ou à un autre dans l'avenir. Compte tenu de l'expansion de l'économie mondiale et de la croissance démographique, cela exigerait une amélioration spectaculaire de l'efficacité énergétique et des changements radicaux dans d'autres secteurs économiques. La communauté internationale s'attaque à ce défi par le truchement de la Convention cadre sur les changements climatiques. Adoptée en 1992 et comptant désormais près de 200 membres, la Convention s'efforce de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère à des niveaux inoffensifs. Elle requière des pays développés qu'ils prennent des mesures pour ramener d'ici à 2000 leurs émissions aux niveaux de 1990. Elle exige en outre de tous les pays de limiter leurs émissions, recueillir les informations pertinentes, élaborer des stratégies pour s'adapter aux changements climatiques et coopérer en matière de recherche et de technologie. Le Protocole de Kyoto à la convention de 1997 appelle une action plus vigoureuse après l'an 2000. Les Parties à la Convention sont convenues que les pays développés auront l'engagement juridiquement contraignant de réduire le total de leurs émissions de gaz à effet de serre d'au moins 5 % par rapport au niveau de 1990 entre 2008 et 2012. Le Protocole définit en outre un système d'échange des droits d'émission et un " mécanisme pour un développement propre ". De nombreuses options sont disponibles pour limiter les émissions à court et à moyen terme. Les décideurs peuvent encourager l'efficacité énergétique et d'autres mesures positives pour le climat dans les secteurs tant de la production que de la consommation d'énergie. Parmi les principaux consommateurs d'énergie, il faut citer les entreprises, foyers, bureaux, véhicules et exploitations agricoles. Le rendement peut en grande partie être amélioré en offrant un cadre économique et réglementaire approprié pour les consommateurs et investisseurs. Ce cadre devrait encourager les mesures présentant un bon rapport coût-efficacité, les meilleures technologies actuelles et futures et les solutions " sans regret " présentant un intérêt économique et environnemental même si elles n'ont aucun rapport avec les changements climatiques. La fiscalité, les réglementations, les permis d'émission négociables, les programmes d'information, les programmes volontaires et l'élimination progressive des subventions contre productives sont autant d'éléments susceptibles de jouer un rôle. L'évolution des pratiques et modes de vie, allant d'une meilleure planification des transports urbains à des réflexes quotidiens tel que celui d'éteindre la lumière, est également importante. Des gains d'efficacité énergétique de 10 à 30 % par rapport au niveau de référence peuvent être réalisés au cours des 20 à 30 prochaines années sans entraîner aucun coût. Certains chercheurs sont convaincus que l'on pourrait réaliser des gains bien supérieurs au cours de cette période et au-delà. Des améliorations par rapport au niveau de référence peuvent être réalisées dans tous les principaux secteurs économiques en recourant aux connaissances actuelles et aux meilleures technologies disponibles aujourd'hui. À plus long terme, il sera possible de se rapprocher d'une économie industrielle ne produisant pas d'émissions. Il est essentiel réduire les incertitudes concernant les changements climatiques, leurs impacts et le coût des différentes interventions possibles. Dans l'intervalle, il faudra parvenir à concilier les préoccupations concernant les risques et dommages avec les impératifs du développement économique. Une manière prudente de répondre aux changements climatiques est donc d'adopter une série d'actions visant à contrôler les émissions, à s'adapter à leurs impacts et à encourager la recherche scientifique, technologique et socio- économique.